Un jour d'automne 1941, un groupe de notables de Calais, petit village du Maine, adressa une lettre au Président Roosevelt lui proposant un sapin de Noël de l'île Sainte-Croix pour décorer la Maison-Blanche. Parmi eux figuraient l'éminent historien Ned Lamb ainsi que les hommes d'affaires John Trimble et Arthur Unobskey, qui étaient bien loin de se douter des événements trépidants qui allaient s'ensuivre. . (Traduit de l'anglais) La Maison-Blanche, le 28 novembre 1941 Ce n'est que début décembre que la réponse parvint à ses destinataires à Calais. On dut se dépêcher d'aller chercher un arbre. Il fallait en effet se rendre sur l'Île Sainte-Croix dont l'accès, à cette époque, n'était pas évident. Deux jours après Pearl Harbor, ils gagnèrent l'île et John Trimble coupa l'arbre. Dans un premier temps, le gardien et son épouse, Elson et Constance Small, hésitèrent car l'île comptait si peu de grands sapins. Finalement, ils décidèrent que le sacrifice se prêtait aux circonstances étant donné les événements survenus le 7 décembre 1941. Constance Small, l'épouse du gardien, a décrit la journée où le sapin a été coupé, deux jours après Pearl Harbor : « Un jour de l'hiver 1941, le 9 décembre pour être plus précise, on repéra un signal à Red Beach : Elson devait aller chercher des visiteurs de l'autre côté de la rive. Là, il trouva deux hommes d'affaires de Calais, un certain M. John Trimble accompagné d'un M. Arthur Unobskey, ainsi qu'un photographe du State Publicity Bureau à Augusta. L'attaque de Pearl Harbor venait de se produire, marquant le début de la Seconde Guerre mondiale, et on avait décidé d'envoyer un sapin de Noël — un sapin qui avait poussé sur le site où Noël avait été célébré pour la première fois en Amérique du Nord — à la Maison-Blanche, à Washington, où le Président Roosevelt recevait M. Winston Churchill pour les fêtes. On choisit pour l'occasion un arbre magnifique, de près de six mètres de haut, l'un des derniers grands sapins de l'île. Si l'événement n'avait pas été historique, ça m'aurait fait bien de la peine qu'on l'abatte. », raconte Mme Small. Le sapin fut expédié au sénateur du Maine Owen Brewster et livré à la Maison-Blanche où on l'installa dans les appartements de la famille Roosevelt. Peu après, Winston Churchill arriva à la Maison-Blanche pour discuter de la stratégie à adopter dans la guerre contre l'Allemagne et le Japon. C'est à cette occasion que Roosevelt et lui se mirent d'accord sur l'importance capitale de vaincre l'Allemagne avant de se tourner vers le Pacifique pour s'occuper des Japonais. À l'époque, cette décision suscita le mécontentement de la population et de l'armée des États-Unis. Aujourd'hui, avec le recul, on s'accorde néanmoins à dire que c'était la bonne. Peut-être a-t-elle été prise autour d'un bon cognac — voire plusieurs, en ce qui concerne M. Churchill — et devant le sapin fraîchement coupé arrivé de l'Île Sainte-Croix. Constance Small n'a pas connu la notoriété de Franklin Roosevelt ou de Winston Churchill, mais elle a vécu l'existence passionnante d'une femme de gardien de phare. Elle a d'ailleurs écrit un livre, The Lighthouse Keepers Wife (« L'épouse du gardien de phare »), paru en 1986 aux éditions University of Maine Press. Ses souvenirs de l'île Sainte-Croix et d'autres phares sont très intéressants. |
Last updated: January 5, 2021